ZORKO

Son nom sonne comme un pseudonyme d'artiste.

C'est pourtant son véritable patronyme. Tout comme le petit accent qu'il a conservé, il révèle l'origine slovène de ce sculpteur à la barbe blanche et aux cheveux poivre et sel qui reçoit en bleu de travail (de couleur verte en fait) dans son antre de Fresnay, loin dans la campagne du Sud-ouest marnais :

une « salle d'exposition » en plein air, deux ateliers sous des hangars, quelques espaces de « stockage » pour ses sculptures monumentales, et une petite maison qui abrite aussi des œuvres de l'artiste.

Tout en déambulant entre les sculptures exposées dans le jardin, Zorko, 74 ans d'ici peu, raconte son parcours et son travail.

« Je suis venu à Montparnasse dans les années soixante pour un voyage d'étude. C'est là que tout se passait alors sur le plan artistique. Je devais rester trente jours en France, j'y suis depuis quarante ans », raconte Zorko, Janez de son prénom slovène, Jean depuis qu'il a été naturalisé français.

Partagé entre Fresnay et Paris

A Montparnasse, il a croisé de grands artistes.

Et surtout, il a appris la sculpture pendant quatre ans.

Tout en travaillant — mécanicien chez Renault — il a ouvert son atelier à Montparnasse : « Ouvrier le jour, sculpteur la nuit.

J'ai organisé une exposition dans les petites boutiques autour de mon atelier.

Le succès a été immédiat », raconte l'artiste.

Il a rapidement abandonné tout « job » alimentaire pour vivre uniquement de son art, abstrait : peinture mais surtout dessin et sculpture.

Aujourd'hui, il revendique « 150 expositions internationales » et des centaines d'œuvres, monumentales ou de taille plus modeste, en bois, en acier, en marbre…

A l'étroit dans son atelier parisien, il est arrivé dans le petit bourg de Fresnay en 1978. « Ce n'était pas trop loin de Paris.

Je pouvais ainsi me partager entre ma résidence secondaire et mon atelier parisien où j'ai toujours un appartement.

Je reste avant tout un citoyen de Montparnasse. »

Un Parisien qui a toutefois déménagé totalement son atelier à Fresnay en 1998 par commodité.

Passionné et passionnant, Zorko est toujours ravi d'expliquer son travail : les essences de bois qu'il achète parfois au forestier du coin, les outils — gouges ou tronçonneuses — qu'il utilise et bien sûr sa « petite musique » artistique.

Car explique « Jean-Janez », « la sculpture, c'est une musique qu'on écoute avec les yeux.

C'est aussi une forme de danse, avec ce qui n'est au départ qu'un bout de caillou ou de bois que je transforme pour le faire danser dans l'espace avec l'énergie qui me fait vivre ».

Avec ses sculptures dont les formes évoquent

« quelque chose de sensuel », son art abstrait cherche avant tout à susciter l'émotion :

« Est-ce que cette forme, cet angle, ce jeu d'ombre et de lumière vous touchent ?

C'est ça l'important », souligne Zorko.